Ce que j'ai compris de l'Islam

Publié le par Francois-Xavier De Ruydts

Lentement, je quitte le monde de l’Islam pour me diriger vers des peuples aux croyances plus hétéroclites, le moment me paraît donc bien choisi pour faire le point sur ce que j’en ai compris. Maintes fois j’ai eu le temps d’en discuter avec les rencontres de fortune, et souvent durant de longues heures. Mes connaissances en la matière ne sont que très faibles mais, toutefois, de nombreuses redondances dans les dires de mes interlocuteurs me permettent de tirer certaines conclusions objectives sur la manière dont le peuple vit sa foi.

 

Allah est tout puissant… c’est indéniable, ici la culture est totalement indissociable de la religion qui prend une place infiniment plus grande dans la vie de chacun que pour un simple Chrétien par exemple. Tout ici est fait pour Allah, par Allah, par crainte d’Allah. Il est donc bien important de comprendre que la manière dont un homme interprète le Coran influencera fondamentalement son comportement social. La clé de voûte du comportement d’un Musulman est le jugement qu’Allah lui portera après sa mort. Si tu as fait le bien dans ta vie, tu iras au paradis, si tu as fait le mal tu iras en enfer. La Bible soutient le même langage mais la différence est que les Catholiques y apportent une toute autre importance. Tout Musulman est totalement persuadé de ce fait, c’est indiscutable, c’est le fondement même de la vie. L’interprétation du bien et du mal est également à peu près identique à la nôtre, ne vole pas, ne tue pas, ne commets pas d’adultère… Mais l’Islam est aussi une religion d’impératifs et d’interdits, beaucoup plus que n’importe quelle autre, tu dois aller à la mosquée, tu dois prier X fois par jour, tu dois porter le foulard si tu es mariée, tu dois jeûner pendant le ramada… et il est évident pour chacun que l’homme qui ne répond pas à ces impératifs ira en enfer.

 

A priori, la logique peut paraître plutôt bonne puisqu’elle pousse chacun à faire le bien, mais il faut en parler avec un Musulman pour en comprendre les implications qui, jusqu’à maintenant ne m’ont pas encore convaincues.

 

Sur la route de Dakhla, un jeune homme m’accueillit dans le pompe à essence qu’il tenait avec 5 autres personnes. Après prise de contact autour du thé, il se lanca vite dans un discours qui donnait plus ou moins ceci : « … L’Islam est la meilleure et la plus grande religion, si tu n’as pas compris ceci, tu es sur le mauvais chemin et puisque tu n’es pas Musulman c’est que tu te trompes et Allah dit que tu iras en enfer pour cela (en effet le Coran stipule que toute personne qui ne croit pas en Allah ira en enfer sans jugement). C’est la meilleure religion puisqu’elle pousse les gens à faire le bien et puisque personne ne veut aller en enfer, tout le mode tente de faire le bien…. » Don disours était tellement sans détour que je n’eus pas la force de tenter d’y apporter quelque nuance. Le lendemain matin, de bonne heure, je rejoignis mon vélo. Plus de montre ! On m’avait volé la montre qui était fixée à mon guidon. J’ai presque rigolé en pensant au discours de la veille. Encore un qui ira en enfer ?

 

Quelques jours plus tard, à Choûm (Mauritanie), un homme tenta encore de me faire comprendre cette logique implacable. « Si tu es Musulman tu ne peux que faire le bien puisque c’est la volonté d’Allah et que tout le monde suit la volonté d’Allah. » Je lui demandai alors s’il n’était pas possible que les gens fassent le bien autour d’eux simplement par envie de rendre leur prochain heureux et pas seuilement parce que leur Dieu le leur a demandé. Il me répondit que les gens qui agissent comme ça sont montrés du doigt. Il utilisa un adjectif en arabe qui doit probablement correspondre à « hypocrites ». Depuis, chaque fois qu’un Musulman m’offre le thé, je ne peux m’empêcher de me dire que ce n’est pas pour me faire plaisir qu’il fait cela mais plutôt pour ne pas aller en enfer.

 

Ces deux discours m’ont perturbé et depuis je ne peux m’empêcher d’avoir quelques lourdes appréhensions. Les deux mots qui me viennent à l’esprit sont hypocrisie et intolérance et c’est exactement sur cela que se basait une bonne part de l’idéologie Nazi. Je prie ostensiblement pour que  tout le monde voie bien que je suis sur le bon chemin et ceux qui ne font pas comme moi je les rejette parce qu’ils ont tort. L’égoïsme a sans doute bien sa place aussi. Je fais plaisir à mon prochain mais ce n’est absolument pas pour lui que je le fais mais pour que moi je n’aille pas en enfer.

 

Jusqu’à maintenant, je tire comme conclusion qu’une religion aussi répressive, exigeante et totalitaire ne laisse plus aux gens la liberté de se poser la question du « pourquoi ». Pourquoi Allah me demande-t-il cela ? Pourquoi dois-je être bon avec mon prochain ? Je ne crois pas qu’on puisse faire les choses correctement si l’on n’a pas la liberté de pouvoir en comprendre le fondement.

 

Autre chose. Je suis bien forcé de constater que le guidon de mon vélo est complètement nu alors qu’il comportait au départ un phare, un compteur, une montre… Tous mes ustensiles m’on été volé les uns après les autres… Je ne veux pas jeter la pierre aux Arabes car la pauvreté y est certainement pour beaucoup, la question que je me pose est plutôt la suivante : Comment un homme aussi pieux, aussi proche de son dieu et craignant tellement son jugement ose t’il encore se permettre si impunément de commettre un péché aussi flagrant que le vol ? Tous ces gens iront-ils en enfer ? A cela on me répond que le jugement d’Allah est comme une balance, on pèse le bon et le mal et c’est le plus lourd qui l’emporte. Pour pouvoir voler l’étranger tout en restant dans les grâces de mon dieu suffirait-il donc que je l’invite ensuite à ma table ?

 

Dans le peuple Arabe, il y a bien quelques électrons libres, des non croyants. De ceux que j’ai rencontrés, tous tiennent le même discours : « La religion est l’opium du peuple.»(Karl Marx) L’opium qui endort l’esprit et diminue la clairvoyance. Et c’est ici que je veux en finir. Dieu est un berger et ses brebis sont satisfaites parce qu’on leur dit où aller. Mais ne se comporteraient-elles pas mieux si on leur laissait le jugement de ce qui est bon et n’est pas bon de faire ?

 

 La réflexion reste en suspens (quoi que les réactions soient les bien venues), elle reprendra dans 6 mois de l’autre côté de la terre avec une nouvelle entrée en pays musulman.

Publié dans Dossiers

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